OPINION : Crise sociale et inflation : Comment les commerçants profitent de la détresse des citoyens en période de pluies et d’inondations

Ecrit par MEDD TV INFO

septembre 17, 2024

Crise pluviométrique et inflation : la population tchadienne victime de l’injustice sociale et de la complicité des consommateurs

En cette saison où les pluies incessantes ont plongé des milliers de personnes dans la précarité, l’impact social de la situation pluviométrique actuelle au Tchad ne fait qu’aggraver les difficultés et la détresse des sinistrés. La flambée des prix des produits de première nécessité devient de plus en plus insupportable pour les populations qui peinent déjà à joindre les deux bouts. Riz, haricots, pain… aucun de ces produits n’échappe à une hausse incontrôlée des prix. Pire encore, certains commerçants véreux profitent de la situation, sans qu’aucune mesure sévère ne soit prise par les autorités compétentes ou les organisations de défense des consommateurs.

Une hausse injustifiée des prix du haricot : un produit sans taxe

Le cas du haricot, un aliment de base largement consommé au Tchad, illustre parfaitement cette situation d’injustice sociale. Produit qui n’est ni cultivé par l’État, ni soumis à une quelconque taxation, son prix a pourtant grimpé de manière exponentielle, atteignant des sommets insoutenables pour les familles modestes. Ce qui choque davantage, c’est l’inaction des autorités locales, notamment le service de contrôle des prix et la municipalité, qui ne semblent pas imposer de mesures strictes face à ces abus.

Les consommateurs, complices involontaires ?

En se rapprochant de certains citoyens, une réponse revient souvent : « Nous n’avons pas le choix ». Cette résignation de la population contribue à maintenir un cercle vicieux où les commerçants continuent de fixer des prix abusifs, sachant que les consommateurs vont de toute façon acheter. Pourtant, notre analyse montre qu’il est possible d’inverser la tendance. Si la population décidait, par exemple, d’arrêter temporairement la consommation du haricot ou d’autres produits affectés par des hausses irrationnelles, les commerçants seraient contraints de revoir leurs pratiques.

La triste réalité est que tant que les consommateurs continueront à accepter ces abus, le problème persistera.


Un système toléré et entretenu

Au-delà de la spéculation autour des produits de première nécessité, les commerçants exploitent systématiquement les informations relatives à la rareté ou aux supposés bienfaits de certains produits pour en augmenter les prix. Récemment, lorsque des rumeurs ont circulé sur les vertus médicinales du gingembre associé au citron, les prix de ces deux produits ont immédiatement grimpé. C’est une injustice sociale flagrante, à laquelle ni les autorités ni les organisations de défense des consommateurs ne semblent vouloir remédier.

L’autorité de l’État : entre tolérance et accusation de dictature

Un cadre, souhaitant garder l’anonymat, résume la situation : « La population tchadienne est dure, et notre gouvernement a toujours été humble. Si le gouvernement commence à sévir contre les commerçants, ce sont ces mêmes citoyens et les organisations de défense des droits de l’homme qui vont accuser les autorités de dictature. » Cette réalité complique la tâche des autorités qui, entre gestion de crise sociale et maintien de l’ordre, doivent constamment naviguer entre fermeté et accusations d’abus.

La nécessité d’un changement de mentalité

La clé pour briser ce cercle vicieux repose en partie sur un changement de mentalité des consommateurs. L’attitude consistant à dire « Je n’ai pas le choix » ou « Halal mafi » entretient cette situation. Pourtant, comme le dit si bien un proverbe, « Dieu nourrit même les oiseaux aveugles ». Il est possible de faire des sacrifices à court terme pour rétablir une justice à long terme. Si les consommateurs refusaient d’acheter certains produits aux prix injustifiés, comme l’essence vendue à 2 000 FCFA pendant les pénuries ou le haricot à 1 500 FCFA, les commerçants seraient contraints de revoir leur politique tarifaire.Ce changement viendra de la solidarité des consommateurs et de leur capacité à dire non à l’injustice économique.

Il est grand temps que les Tchadiens prennent conscience de leur rôle dans l’instauration de l’autorité de l’État, non seulement sur le marché, mais aussi dans leur quotidien. Un changement de comportement collectif est nécessaire pour ramener les commerçants à de meilleurs sentiments, et ainsi restaurer une véritable justice sociale.

Mka

©️ Radio Andarson

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