Dossier : l’interdiction de la fabrication de briques cuites et ses enjeux.

Ecrit par admin

mars 12, 2023

Ces dernières années, le phénomène de briques cuites a vraiment pris de l’ampleur dans presque tous les quartiers de la ville de Ndjamena. Certes, cela n’est pas sans raison, ni conséquence puisqu’en dehors du fait d’être une partie de la solution de par son aspect social et économique, il pose aussi d’énormes dégâts écologiques, environnementale et sanitaire.

L’arrêté 060/CVNDJ/SG/2023 de la mairie interdisant la fabrication et la cuisson des briques en terre dans la ville à Ndjamena. Et si aujourd’hui, la mairie prend la décision d’interdire la fabrication des briques cuites dans des zones non autorisées, ce n’est pas parce qu’elle ne se préoccupe pas de l’aspect économique et social de cette activité essentiellement lucrative, génératrice d’emploi et de revenus à des jeunes désœuvrés qui essaient vaille que vaille de se prendre en charge. Seulement, on ne doit pas prendre la question de l’interdiction uniquement sous l’angle social et économique puisque, le problème est encore plus grave que ce qu’elle génère soit, comme revenu soit, comme emploi, mesurés à l’ampleur de dégât que cette activité engendre.

Sur le plan sanitaire

À commencer d’abord par le problème de santé que cette façon artisanale de fabrication de briques cuites cause aux fabricants eux-mêmes, par leur exposition prolongée aux gaz toxiques, à la fumée et à la chaleur de ces fours à ciel ouvert. Aussi, il ne faut pas perdre de vue le monoxyde de carbone qu’il dégage émet énormément du gaz à effet de serre. En un mot, les fabricants de briques cuites s’exposent au-delà de ce fort degré de chaleurs ; ils s’exposent encore dangereusement à l’inhalation de calcaire et de poussières infestées de toute sorte de microbes, en grande partie organiques. Donc, d’une manière ou d’une autre, ces travailleurs sans matériels adaptés ni de protection adéquate courent tous les risques les conséquences néfastes de cette activité ; autrement dit, il est difficile qu’ils sortent indemnes de ce cercle vicieux qui a sans doute, pour conséquence immédiate : les difficultés respiratoires, les problèmes de peaux etc. Il va sans dire qu’à la longue cela pose un vrai problème de santé publique pour cause de cette proximité de la grande fumée et de l’intense chaleur.

Sur le plan financier

Alors, la question est de savoir si le revenu de ce travail pénible et risqué peut couvrir ou non les dépenses sanitaires après une longue exposition au feu et aux microbes ; lesquels entrainent entre autres conséquence : la toux, la tuberculose voire le cancer de peau. Et, plus loin la cécité et l’asthme…cela, sans oublier de mentionner l’intoxication des femmes enceintes dans le voisinage de ces fours. Qui, la plupart de temps souffrent de fausse couche et autres maladies liées à ce phénomène d’intoxication par voie respiratoire ainsi qu’à d’autre maladies plus graves que seuls les spécialistes en la matière peuvent bien nous les détaillés.

Sur le plan Energie

En général, la fabrication de briques cuites est très gourmande en énergie thermique, c’est-à-dire de la chaleur à grande intensité. Heureusement qu’avec l’interdiction de coupe du bois du chauffe, les fabricants ont trouvé d’autre alternative en basculant dans l’utilisation de palmier doum et de la bouse animale. Au lieu du bois du chauffe qui coute les yeux de la tête, les fabricants de brique cuite se convertissent dans l’utilisateur des fruits du palmier doum et bouses d’animaux. Cette solution est une option certes, mais elle est précaire et à risque parce que cette denrée se fait de plus en plus rare et cher. Or, qui veut dire de plus en plus rare et cher sous-entend qu’il y a risque de faire recours à la fraude ou d’autre manière d’obtention illicite pour alimenter ces fours consommateur d’énergie considérable. Ce qui revient à dire ces fabricants, font d’un jour à l’autre recours à la coupe du bois de chauffe interdite par la loi tandis que cette infraction est sévèrement punie par la loi. Donc, la fin est connue de tous.

Sur le plan environnemental

À ces problèmes, il faut faire comprendre que la fabrication abusive de briques cuites entraine une sérieuse dégradation des sols fertiles. Le constat est amer. Et, il n’est un secret pour personne que le four, quel que soit sa taille détruit le sol sur lequel il est posé. Par conséquent, aucun arbre ou herbe ne pousse là où on a fait cuire ces briques. Au risque de se répéter, en dehors de cette destruction de sol, la fabrication de briques cuites pose un réel problème écologique et environnemental. Car, cette activité entraine indéniablement la destruction par-delà celle de la terre, de l’environnement comme étant un tout. Et surtout, du sol sur lequel on cuit ces briques et cela, quel que soit l’espace utilisé ou la nature du four, la fabrication de brique cuites rend la terre infertile et inculte. En d’autres termes, elle calcine et détruit le sol cultivable pour récolter des miettes.

Sur le plan social et exploitation des mineurs

Par ailleurs, cette activité lucrative emploie cruellement le travail des enfants dans sa recherche de gain et de profit ; tellement qu’elle exploite des mineurs sans défense ni protection. Elle devient une menace pour les familles démunies. car ce travail, loin de contribuer à l’épanouissement des enfants, elle les enferme d’une terrible situation de dépendance qui compromet non seulement leur cursus scolaire mais hypothèque leur avenir et menace dangereusement leur état de santé. Avec tous ces risques liés à ce travail dangereux et pénible ; pardessus, l’enfant s’y frotte d’une façon ou d’autre à un univers d’adulte qui, très vite confisque son enfance.

Sur le plan emploi

Somme toute, la fabrication de brique en soi-même n’est pas une activité de plaisance ; bien au contraire, elle est une activité génératrice de revenu à encourager et à moderniser. La mairie doit l’organiser tout comme trouver des sites dédiés à son exploitation familiale ou industrielle. Comme c’est une activité qui contribue considérablement à la réduction du taux de chômage. À cette fin, la mairie à intérêt de revoir sa politique de création d’emploi, de protection des enfants, de santé publique et de l’environnent. Allant dans ce sens, lorsque la mairie prend une telle décision, elle doit également être capable de voir dans quel contexte trouver un cadre de réorganisation du secteur avec la participation de ses partenaires sociaux et économiques de manière à rendre cette activité lucrative écologiquement rentable.

ABBA AHMED MOHAMED

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