Le Mali ouvre une nouvelle page de son histoire politique. Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a nommé le général Abdoulaye Maïga au poste de Premier ministre, remplaçant ainsi Choguel Kokalla Maïga, récemment limogé. Cette décision marque un tournant décisif dans la gestion de la transition, désormais entièrement dominée par les militaires.
Une transition en mutation
Lorsque la transition malienne a été instaurée après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, elle reposait sur une entente civilo-militaire qui avait reçu le soutien d’une large frange de la population. Cependant, ce fragile équilibre a été bouleversé au fil du temps, alimentant les tensions entre les militaires au pouvoir et les acteurs de la société civile. Le limogeage de Choguel Maïga, figure emblématique de cette coalition civile, en est l’illustration.
Choguel Maïga, dont la nomination avait suscité un espoir de dialogue inclusif, avait progressivement adopté un ton critique envers les militaires, dénonçant une dérive autoritaire et un manque de clarté sur la durée de la transition. La décision d’Assimi Goïta de confier le poste de Premier ministre à Abdoulaye Maïga, un proche allié militaire, témoigne d’une volonté de resserrer davantage les rênes du pouvoir.
Un contexte de crise politique
Cette nomination intervient dans un climat politique tendu, marqué par des divergences sur la gouvernance et l’avenir du pays. La société civile, autrefois un partenaire stratégique des militaires, se retrouve désormais marginalisée. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer un manque de transparence et une absence de calendrier précis pour le retour à un régime démocratique.
En confiant cette responsabilité à Abdoulaye Maïga, le colonel Goïta semble renforcer une approche centralisée et sécuritaire de la transition. Ce choix pourrait accentuer la méfiance de la communauté internationale, déjà préoccupée par les retards dans l’organisation des élections.
Quels enjeux pour le nouveau Premier ministre ?
Abdoulaye Maïga hérite d’une mission complexe. En plus de devoir apaiser les tensions politiques internes, il devra s’attaquer aux défis sécuritaires croissants, notamment dans la lutte contre les groupes terroristes qui sévissent dans le pays. Par ailleurs, le général devra également gérer les relations délicates avec les partenaires internationaux, tout en répondant aux aspirations d’une population malienne lassée par l’instabilité.
La nomination d’Abdoulaye Maïga marque donc un point d’inflexion pour la transition au Mali. Si elle témoigne de la volonté des militaires de consolider leur pouvoir, elle met également en lumière les fragilités d’un processus de transition qui peine à trouver son équilibre. L’avenir du pays dépendra en grande partie de la capacité de ce nouveau gouvernement à concilier fermeté et inclusivité pour sortir de l’impasse actuelle.
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