Bangui, 16 ans après : une capitale stratégique pour une relance communautaire ambitieuse
La capitale centrafricaine, Bangui, a accueilli ce jeudi la 16e Conférence des Chefs d’État de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), marquant un tournant décisif pour la sous-région. Placé sous le thème évocateur « Une volonté politique commune clairement assumée au service des peuples de l’Afrique Centrale », ce sommet a rassemblé les dirigeants des six États membres autour de problématiques clés : souveraineté monétaire, intégration économique, réformes institutionnelles et sécurité régionale.
C’est une rencontre historique à plus d’un titre. Seize ans après la dernière conférence organisée à Bangui, ce retour symbolique réaffirme la place centrale de la République centrafricaine au sein de la CEMAC. Le sommet se tient dans un contexte de fragilités économiques persistantes et d’enjeux sécuritaires croissants, appelant à une coopération renforcée.
Une situation économique préoccupante au cœur des échanges
Le diagnostic posé lors des travaux est sans appel : réserves de change en recul, endettement croissant, croissance modeste, et mécanismes communautaires de financement mis à mal, à l’instar de la taxe d’intégration en difficulté. Le Président centrafricain et hôte du sommet, Pr. Faustin-Archange Touadéra, a souligné dans son discours inaugural l’urgence de renforcer la rigueur budgétaire et la transparence dans la gestion des ressources, particulièrement dans le secteur extractif.
Il a également salué les avancées démocratiques dans la sous-région, notamment avec les élections au Gabon et les échéances à venir au Cameroun et en Centrafrique, tout en appelant à une vigilance soutenue face aux défis économiques structurels.
Vers une réforme institutionnelle et une meilleure intégration
Outre les défis économiques, les dirigeants ont planché sur des réformes institutionnelles majeures, en particulier au sein du parlement communautaire, dans l’objectif de renforcer sa légitimité démocratique. La question de la fusion entre la CEMAC et la CEEAC a également été abordée, considérée comme un levier stratégique pour l’édification d’un espace économique et monétaire plus intégré et cohérent.
Monnaie et sécurité : deux piliers pour l’avenir de la CEMAC
Le Président tchadien Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno a, quant à lui, recentré les débats sur deux priorités fondamentales : la souveraineté monétaire et la sécurité collective. Il a mis en garde contre la baisse continue des réserves de change, qui menace la stabilité du Franc CFA. Plutôt que de précipiter une réforme monétaire, il a plaidé pour la tenue d’un sommet extraordinaire exclusivement consacré à cette question sensible.
Sur le plan sécuritaire, le Chef de l’État tchadien a souligné l’incompatibilité entre intégration économique et insécurité persistante. Il a appelé à la mutualisation des moyens de défense, à la création d’une force régionale de réaction rapide, et à l’ériger la sécurité comme pilier central de l’intégration, au même titre que la monnaie.
Une présidence tournante sous le signe de la continuité
La fin du sommet a vu le passage de témoin de la présidence tournante de la CEMAC entre le Président centrafricain et son homologue congolais, Denis Sassou-Nguesso. Un changement dans la continuité, porteur d’un nouvel élan pour conduire la communauté dans une phase décisive de réformes et de consolidation.
Face aux incertitudes régionales et internationales, la 16e Conférence des Chefs d’État de la CEMAC aura permis de poser les bases d’un sursaut politique et économique nécessaire. Entre lucidité, ambition et esprit de solidarité, Bangui s’érige à nouveau en carrefour stratégique des décisions majeures pour l’avenir de l’Afrique centrale. Le chemin reste long, mais la dynamique enclenchée porte les germes d’un véritable renouveau communautaire.
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Image : Présidence de la République du Tchad




















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