De la prévention au cœur de la deuxième journée des travaux
N’Djamena, 26 septembre 2025 – La deuxième journée du colloque international sur les mécanismes de lutte contre les discours de haine, organisé par la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA), s’est poursuivie ce vendredi dans un hôtel de la capitale tchadienne. Placée sous le thème « La prévention des discours de haine dans les médias et les réseaux sociaux », cette étape a réuni des délégations nationales et internationales, ainsi que de hautes personnalités, dont la présidente de la HAMA, Madame Halimé Assadya Ali.
Des débats de haut niveau
Les travaux ont été marqués par des interventions riches et diversifiées, abordant les défis juridiques, éducatifs et techniques liés à la prolifération des discours haineux au Tchad et au-delà.
En ouvrant les discussions, le juriste Brahim Rozzi Kellemi a rappelé que la liberté d’expression est protégée par la Constitution tchadienne. Toutefois, il a pointé du doigt « de sérieuses lacunes » dans le cadre juridique actuel, qui affaiblissent la capacité des institutions à contrer efficacement les messages de haine, notamment sur les médias et les réseaux sociaux.
De son côté, le Dr Focksia Nathaniel Docksou a mis en avant le rôle fondamental de l’éducation. Selon lui, les germes du discours de haine se transmettent souvent dès l’enfance, dans le cercle familial. Évoquant la guerre civile de 1979, il a alerté sur les conséquences dramatiques d’une éducation fondée sur les préjugés. « Si les parents enseignent à leurs enfants qu’ils sont supérieurs aux autres, ces croyances risquent de perdurer et de nourrir des divisions », a-t-il averti, plaidant pour une réforme en profondeur du système éducatif tchadien.
Une session axée sur la prévention
La troisième session de la journée, présidée par José Richard Pouambi, président du Haut Conseil de la Communication (HCC) de la République centrafricaine, et modérée par l’écrivain-chercheur Dr Ahmad Taboye, a offert une plateforme d’échanges croisés entre experts.
- Me Brahim Rozzi Kellemi (ENASTIC) a analysé les défis juridiques consistant à prévenir la haine sans restreindre la liberté d’expression.
- Dr Focksia Nathaniel (Université de N’Djamena) a insisté sur l’importance de l’éducation à l’ère numérique.
- M. Béninga Deouro Francis, expert TIC et conseiller technique du Médiateur de la République, a proposé des pistes de régulation par la communication électronique.
- Banadji Boguel Pyrrhus, commissaire à la CNDH, a exposé le lien entre discours haineux et violations des droits humains.
- En visioconférence, le Pr More Faye (Université Gaston Berger, Sénégal) a souligné la responsabilité des médias africains, entre éthique de conviction et éthique de responsabilité.
Vers des recommandations concrètes
Ce croisement d’analyses académiques, juridiques et techniques a permis de dégager des pistes pratiques pour renforcer la prévention et anticiper les dérives liées aux discours de haine.
Les travaux du colloque, couplé à la célébration du 30ᵉ anniversaire de la HAMA, devraient se conclure par des recommandations fortes, destinées à orienter aussi bien les politiques nationales que les pratiques médiatiques dans un contexte marqué par la montée des tensions verbales sur les plateformes numériques.
MEDD TV INFO TCHAD VERT
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