DOSSIER | Crise au Comité Olympique Tchadien : Vérités juridiques, légitimité statutaire et imposture d’un bureau provisoire autoproclamé
N’Djamena, 12 août 2025 – Le bras de fer entre le bureau exécutif du Comité Olympique et Sportif Tchadien (COST), présidé par le Général Idriss Dokony Adiker, et le bureau dit « provisoire » dirigé par YAMITA HASSAN , franchit une nouvelle étape. Lors d’un point de presse tenu récemment, le président du COST a livré une déclaration musclée, dénonçant fermement les actions de ses opposants et annonçant des poursuites judiciaires imminentes.
Le président du Cost annonce que
« des poursuites judiciaires seront engagées si Mr Yamita ne cesse pas d’usurper le titre de président de Bureau provisoire »
Un bureau provisoire sans fondement juridique
Le président du COST a rappelé que la structure qu’il dirige a été mise en place par une Assemblée Générale Élective conformément aux textes juridiques et réglementaires pour un Mandat de 4 ans.
Selon lui , «ceux qui contestent aujourd’hui n’ont ni le nombre requis pour le faire, ni la légalité nécessaire pour parler au nom du COST. Sur 58 membres du Cost, 42 etaient présents dans la salle alors que le quota requis était de 29 plus 1. Même s’ils sont 32 et ce n’était pas le cas , ils ne peuvent empêcher la tenue de l’assemblée Générale du 24 Mai 2025.»
Une tentative d’étouffer une affaire judiciaire ?
Le président du COST, Idriss Dokony Adiker relie l’agitation actuelle à un dossier judiciaire sensible, impliquant son prédécesseur Abakar Djarma. Le président du COST affirme que le comité réclame à l’ancien bureau le remboursement de 279 millions FCFA, somme qui comprend, entre autres, un marché de 28 millions FCFA attribué de manière suspecte.
« Aujourd’hui pourquoi les gens s’agitent ? C’est à cause des dossiers juridiques d’Abakar Djarma, parce que ce dossier est en justice. Le comité olympique réclame 279 millions maintenant. Il faut tout faire pour que le dossier n’aboutisse pas », a-t-il affirmé.
Il dénonce un système de favoritisme au sein de l’ancien bureau, évoquant une collusion entre Djarma et certains présidents de fédérations :
« Abakar a offert un marché de 28 millions d’équipements à un président de fédération. Du jamais vu ! Il lui donne ça parce que c’est son ami. Et quand on refuse de payer, on nous taxe de méchants », a-t-il dénoncé. « Le sport n’est pas une question de famille. Tous ces gens que je cite sont liés, c’est un cercle d’amis d’enfance et de camarades de classe ».
Une opposition fragmentée et affaiblie
Malgré les tentatives du bureau provisoire dirigé par Yamita Hassan pour remettre en cause la légitimité du COST, certaines figures qui soutenaient l’ancien bureau ont choisi de se retirer. Le président du COST a salué leur décision :
« En dehors de ceux qui persistent à suivre l’ancien bureau, il y a des gens qui se sont ( retirés ) rétractés. Je les remercie d’avoir compris », a-t-il confié.
Il souligne que l’actuel bureau travaille avec des personnes sérieuses, déterminées à redonner ses lettres de noblesse au sport tchadien :
« Franchement, je n’ai pas de temps pour ces histoires de bas-cour. Les gens avec qui je travaille sont sérieux. Ce que nous sommes en train de faire pour le sport, c’est du concret ».
2. L’illégalité manifeste du bureau provisoire
Selon les déclarations du Général Idriss Dokony Adiker lors de son point de presse du 9 août 2025, plusieurs éléments confirment l’irrégularité des démarches du bureau provisoire :
Le COST affirme avoir déjà remporté une première procédure judiciaire. Une seconde est actuellement en cours. Par ailleurs, le Bureau Exécutif du COST envisage d’engager des poursuites pour usurpation de titre et d’identité visuelle (logo), dans le but de faire cesser les activités du bureau dit « provisoire ».
Juridiques et conformes, ces propos illustrent un non-respect des principes fondamentaux de gouvernance sportive. En effet, le dépôt d’un logo, l’utilisation du nom du COST ou l’organisation parallèle d’assemblées sans quorum légal constituent des délits d’usurpation d’identité institutionnelle.
3. Crise de légitimité autour du bureau provisoire du COST : plusieurs fédérations sportives mises en cause
Le bureau dites provisoire récemment mis en place au sein du Comité Olympique et Sportif Tchadien (COST) suscite de vives interrogations quant à la légitimité de certaines entités qui y participent. Plusieurs fédérations impliquées se trouvent en situation irrégulière, notamment en raison du dépassement de leur mandat statutaire. Parmi elles figurent les fédérations de karaté, pétanque, tennis de table, baseball/softball, lutte et tennis long.
Certaines de ces structures présentent également des irrégularités sur le plan international. Les fédérations de karaté et de pétanque, par exemple, ne sont pas reconnues par le Comité International Olympique (CIO), tandis que celles du pentathlon moderne et de l’escrime ne sont affiliées à aucune instance internationale régissant leur discipline..
La Fédération Tchadienne des Sports Scolaires (FTSS) est elle aussi concernée. En plus de se trouver en dépassement de mandat, elle n’est affiliée à aucune fédération internationale reconnue.
Autre membre de ce bureau provisoire, l’Association des Supporters des Équipes Nationales du Tchad (ASENT) y siège avec un simple statut d’observateur, sans droit de vote lors des assemblées générales du COST.
Ces entités ne disposent d’aucune légitimité au regard des textes en vigueur. Il faut rappeler que, selon l’article 8.1 des statuts du COST, seules les fédérations nationales sportives établies conformément à la Loi 026 sur la Charte nationale des sports, et affiliées aux fédérations internationales reconnues dans le cadre des Jeux olympiques, peuvent en être membres à part entière.
Voilà de raison claire qui explique que cette tentative de vote d’une motion de censure contre le bureau exécutif actuel par ce groupe est nulle et non avenue :
elles ne remplissent ni les critères de représentativité, ni les conditions de majorité qualifiée (2/3 des membres valides) exigées pour une telle procédure.
4. Une reconnaissance internationale incontestable
La légitimité du bureau dirigé par Idriss Dokony Adiker repose sur plusieurs faits majeurs :
La tenue de l’Assemblée Générale Ordinaire et Extraordinaire avec la présence du Président de l’ACNOA, M. Mustapha Berraf, accompagné d’un membre du CIO.
La présence du Ministre de la Jeunesse et des Sports, Maïdé Hamit Lony.
L’absence totale de reconnaissance du bureau provisoire par les instances internationales (CIO, ACNOA) et les structures officielles nationales.
« Vous pensez que si nous ne sommes pas dans le droit chemin, le président de l’ACNOA viendrait à notre assemblée ? Il était là, avec un membre du CIO. »
Ces faits, indiscutables, confirment que le bureau actuel est le seul légalement reconnu et fonctionnel, tant au niveau national qu’international.
5. Les dérives de l’ancien bureau :
conflits d’intérêts, manipulations, ingérenceLe président du COST accuse son prédécesseur de graves dérives :
Offre d’un marché de 28 millions d’équipements à un président de fédération.
Ces affirmations mettent en lumière des conflits d’intérêts flagrants, et une gestion clientéliste du secteur sportif. Selon les propos d’Idriss Dokony Adiker, la création de fédérations fictives visait à manipuler le vote de l’AG de 2021 pour assurer la réélection de l’ancien bureau.
6. L’indépendance du mouvement olympique face à l’ingérence politique
« Le problème sportif se règle au niveau du sport comme le dit la Charte Olympique. Le CIO n’admet pas que l’État s’ingère dans les affaires sportives. »
Le président du COST Idriss Dokony Adiker rappelle que son institution ne reçoit aucun financement de l’État, précisément pour garantir son indépendance, conformément à la Charte Olympique (articles 59 à 61). Le seul recours valable en cas de litige est la Commission Juridique du CIO ou le Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
Analyse : une ligne de fracture juridique et morale
La sortie médiatique du président Idriss Dokony Adiker éclaire plusieurs angles de la crise qui secoue le COST. Au-delà des luttes d’influence, elle met en lumière :
- L’illégalité présumée du bureau provisoire, dépourvu de quorum et d’ancrage statutaire ;
- L’usage inapproprié du logo et du nom du COST, passibles de sanctions juridiques pour extirpation de titre ;
- Un réseau d’intérêts personnels accusé d’avoir bénéficié de marchés opaques ;
- La volonté du COST de se conformer strictement à la Charte Olympique et aux statuts internes.
Sur le plan juridique, l’article 8.1 des statuts du COST stipule clairement que seules les fédérations nationales sportives reconnues au niveau national et affiliées à une fédération internationale olympique sont habilitées à voter. La tentative de créer un bureau parallèle avec des fédérations non reconnues (ou en dépassement de mandat) constitue donc une violation flagrante des textes en vigueur.
Enfin, la présence des représentants du Comité International Olympique (CIO) et de l’ACNOA lors de l’assemblée générale dirigée par Idriss Dokony Adiker conforte la légitimité du bureau actuel.
Entre légalité et volonté de réforme
La crise au sein du COST ne semble pas près de s’éteindre. Mais les éléments exposés, à la fois juridiques, financiers et éthiques, plaident en faveur d’un retour à la légalité et à la transparence. Le sport tchadien mérite une gouvernance à la hauteur de ses ambitions et non une scène d’affrontement d’intérêts personnels.
Le Comité Olympique et Sportif Tchadien ne peut être représenté par deux bureaux. Il n’y a qu’un seul organe reconnu, celui issu de l’assemblée générale du 21 décembre 2021. La crise actuelle est moins un conflit de personnes qu’une tentative de détournement institutionnel orchestrée par des acteurs en perte de légitimité.
Le COST, dirigé par Idriss Dokony Adiker, bénéficie d’une base juridique solide, d’une reconnaissance internationale incontestable, et d’un soutien gouvernemental explicite. L’autre camp, constitué de fédérations non conformes ou d’associations sans pouvoir légal, ne peut prétendre ni à la gouvernance, ni à une quelconque légitimité électorale.
Le sport n’est pas une question de famille, rappelle à juste titre le président du COST. Il est temps que ces personnes reviennent à la raison dans l’intérêt du Sport Tchadien dans le respect des textes, des athlètes et des valeurs olympiques.
Le président du COST l’a résumé d’une phrase cinglante
« Le sport n’est pas une affaire de famille ».
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