La région du Bassin du lac Tchad continue de subir une crise humanitaire complexe et de grande ampleur, alimentée par un enchevêtrement de conflits armés, de bouleversements climatiques, de pauvreté extrême et de développement fragile. En septembre 2024, les répercussions de cette crise étaient ressenties à travers le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria, où 6 069 325 personnes se trouvaient affectées, comprenant des déplacés internes (PDI), des personnes retournées (anciennes PDI et retournées de l’étranger) et des réfugiés.
Des chiffres révélateurs de la situation
Selon les données de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), la majorité des personnes affectées se trouvent au Nigeria, représentant 73 % du total, soit 4 437 437 individus. Le Cameroun accueille 13 % des personnes touchées (778 301), tandis que le Niger et le Tchad abritent respectivement 9 % (558 872) et 5 % (294 715) des personnes déplacées. Cette répartition illustre l’ampleur du défi dans chaque pays, où les déplacements de populations constituent une réalité quotidienne.
L’évolution des dynamiques de déplacement au cours de l’année écoulée révèle des tendances préoccupantes : le nombre de retournés anciens PDI a augmenté de manière significative (+45 %), tandis qu’on observe une légère baisse des PDI (-1 %), des retournés de l’étranger (-5 %) et des réfugiés (-1 %). Cette hausse des retours suggère une tentative de certaines populations de retrouver une stabilité relative dans leurs régions d’origine, bien que les conditions sur place soient souvent loin d’être idéales.
Des facteurs multiples exacerbant la crise
Le conflit armé dans la région reste un facteur majeur de perturbation, notamment avec l’activité continue des groupes armés non étatiques. Ces violences, associées à la dégradation des conditions climatiques, telles que la désertification et les inondations, exacerbent la vulnérabilité des populations locales. Les bouleversements climatiques, combinés à un développement insuffisant, limitent les opportunités économiques et aggravent les conditions de vie des communautés.
Le Tchad : Une pression croissante malgré une faible proportion de PDI
Avec 5 % des personnes déplacées au sein de ses frontières, le Tchad doit gérer les défis associés à l’accueil des PDI et au retour des populations dans des zones souvent dévastées par le conflit. La résilience des infrastructures locales est mise à rude épreuve, rendant difficile l’accès aux services de base comme l’eau potable, les soins de santé et l’éducation. Les ressources déjà limitées du pays sont surchargées, rendant l’assistance humanitaire essentielle pour répondre aux besoins croissants.
Un appel à une réponse internationale coordonnée
Face à l’ampleur de la crise dans le Bassin du lac Tchad, une approche coordonnée impliquant les gouvernements locaux, les organisations internationales et les acteurs humanitaires est cruciale pour alléger les souffrances des populations affectées. L’OIM, à travers ses programmes de suivi des déplacements et de soutien aux communautés, joue un rôle clé dans l’adaptation des réponses aux réalités changeantes sur le terrain.
La situation dans le Bassin du lac Tchad démontre l’urgence d’une action concertée pour non seulement soulager les souffrances immédiates, mais aussi pour promouvoir des solutions durables qui s’attaquent aux causes profondes de la crise, telles que la pauvreté, les conflits armés et les effets dévastateurs du changement climatique.
Mka
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