Cette interview exclusive a permis d’explorer les activités et objectifs de ce centre dédié à l’éducation et à la formation des orphelins, tout en mettant en lumière leurs défis quotidiens et leurs aspirations.
Daniel Vega, responsable du centre, explique :
« Depuis l’année dernière, nous avons pris l’initiative de faire découvrir la ville de N’Djaména à ces jeunes qui, pour la plupart, n’avaient jamais parcouru plus de 20 kilomètres de leur village. Cette visite leur permet de mieux connaître leur pays et son histoire. Nous avons financé ce voyage grâce aux économies réalisées par les jeunes eux-mêmes, issues de leurs travaux agricoles et artisanaux. »
Lors de leur séjour, le groupe a visité des lieux emblématiques tels que le Musée National, où ils ont appris l’histoire de Toumaï, le premier ancêtre humain découvert au Tchad. Ils se sont également rendus à la Grande Mosquée Roi Fayçal et ont exploré le marché local. Une visite mémorable à l’ambassade d’Espagne leur a permis de découvrir, pour la première fois, une piscine.
« Je profite pour remercier notamment la paroisse de Kabalaye et l’ambassade d’Espagne.Amaia Mujica Responsable de l’ambassade espagnole au Tchad pour son soutien. »
Fondé en 2010, le Centre éducatif Charles Lwanga accompagne des orphelins âgés d’au moins 12 ans. Les admissions se font après une enquête approfondie pour confirmer leur situation de vulnérabilité. Cependant, le centre fait face à des défis majeurs, notamment le manque de financements, d’expertise technique et de matériel agricole.
Daniel Vega précise :
« Nous avons actuellement 12 jeunes dans le centre, contre 60 auparavant. Le manque de ressources nous a contraints à réduire notre capacité d’accueil et à fermer temporairement certaines installations. Les jeunes sont formés aux activités agro-pastorales et à la couture pour les préparer à l’autonomie économique. Mais nous manquons cruellement de matériel, de formations techniques et de partenaires pour renforcer nos activités. »
Le centre dispose de 20 hectares de terres où sont cultivés des mangues, goyaves, bananes, arachides et légumes divers. Cependant, faute de moyens modernes, seule une petite partie est exploitée.
Témoignages poignants des orphelins
Allambada Emmanuel, un jeune orphelin, décrit leur quotidien au centre
« Nous nous levons tôt pour nettoyer, préparer le petit-déjeuner, aller à l’école, puis revenir pour arroser les jardins ou désherber. Après, nous étudions et faisons un briefing pour discuter de notre journée. C’est une organisation qui nous pousse à toujours mieux faire. »
Les jeunes, malgré les difficultés, expriment leur gratitude pour les opportunités offertes.
Mamnibi Jonathan, orphelin depuis 2019, témoigne :
« Le travail agricole nous permet de subvenir à nos besoins. Nous vendons une partie de nos récoltes pour acheter de la nourriture, des fournitures scolaires et même financer des activités comme ce voyage. »
Le centre dispose de deux jardins, un petit et un grand, mais les 12 jeunes résidents se concentrent principalement sur le petit jardin, où chacun gère sa propre parcelle. Ils arrosent, entretiennent les cultures, vendent une partie des récoltes et consomment le reste. Cette expérience pratique leur offre une formation concrète pour l’avenir.
Doctor Jones, un autre orphelin, ajoute :
» Avant d’arriver au centre, j’étais nul à l’école. Maintenant, grâce à l’encadrement, je suis souvent premier de ma classe. Nous avons appris à travailler, à coudre, et à cultiver. Cela nous donne une vraie chance pour l’avenir. »
Ce dernier conseille aux jeunes de faire des efforts :
« Je leur conseille de s’intéresser à l’agriculture après l’école. C’est une activité importante. Il ne faut pas baisser les bras, mais écouter les conseils des autres pour réussir. La persévérance est essentielle pour atteindre ses objectifs. » ajoute Doctor Jones.
Mbaireme Julien , Explique comment le centre a changé leur vie :
«Je suis orphelin de père, et depuis que le centre m’a pris en charge en 2019, ma vie a changé. J’ai appris beaucoup de choses, tant sur le plan scolaire que dans les activités agricoles. Par exemple, je cultive des tomates et des aubergines, que j’arrose et entretiens. Nous vendons une partie de nos récoltes pour économiser et acheter ce qui nous manque.»
Alphonse :
» Avant je ne connais ni lire ni écrire surtout même pas parler la langue française . Après mon arrivée au centre éducatif Charles Lwanga du Diocèse de Laï depuis 2020 , j’ai déjà appris beaucoup de choses grâce a ce centre aussi avec l’arrivée des autres amis nous avons pu constituer une bonne équipe . On part à l’école puis on fait le champs. Avant on part à l’école 6 à 8 km à pied et le centre à beaucoup pensé à nous pour nous offrir des vélos chacun afin de nous faciliter le transport. Comme le centre a apprécié les travail qu’on réalise à pensé nous acheter des vélos pour qu’on puisse partir et revenir de l’école à l’heure. je suis très content comme mes autres amis pour ce geste. «
Théophile :
« Je viens de Béré, et après avoir perdu mon père, j’ai été admis au centre en 2022. Le centre m’aide pour ma scolarité et ma formation agro-pastorale. J’ai aussi appris la couture. Grâce à cette formation, je suis satisfait et confiant pour l’avenir. »
Jonathan a saisi l’opportunité offerte par une question du journaliste concernant leurs activités de couture pour partager son point de vue :
« Certains de nos camarades ont déjà bénéficié de matériel de couture, mais malheureusement, en raison du manque de moyens, notre nouvelle équipe n’a pas pu en bénéficier. Cela dit, nous avons déjà appris à coudre grâce à ces machines. Si nous pouvions également disposer de machines à coudre, cela nous serait d’une grande aide, surtout avec cette nouvelle idée proposée par MEDD.TV INFO TCHAD VERT, lors de cet entretien, de concevoir des uniformes scolaires pour différents établissements. C’est une excellente initiative ! Disposer de ces machines réduirait nos coûts, et cela permettrait à plusieurs d’entre nous d’acquérir un métier supplémentaire. Nous espérons donc bénéficier de ce soutien essentiel pour avancer. »
Bref Les jeunes du Centre éducatif Charles Lwanga appellent à un soutien pour développer leurs activités agricoles et ont exprimé leur volonté de surmonter les difficultés économiques qui freinent leurs activités agricoles.
Mamnibi Jonathan a rappelé l’importance du travail agricole au sein du centre, tandis que Théophile a souligné les défis auxquels ils sont confrontés :
« Le centre dispose de 20 hectares de terres, mais nous avons des difficultés à les exploiter faute de moyens. Nous demandons du soutien financier et matériel pour acheter des semences, des engrais et des machines agricoles. Un forage solaire nous serait aussi d’une grande aide pour arroser les cultures. De plus, nous pourrions coudre des uniformes scolaires si nous avions des équipements modernes », a déclaré Théophile.
Les jeunes lancent ainsi un appel aux partenaires et aux personnes de bonne volonté pour leur venir en aide. Ce soutien permettrait non seulement d’exploiter les 20 hectares disponibles, mais aussi de renforcer la mission du centre : former les jeunes et leur offrir un avenir meilleur à travers des compétences pratiques et durables.
Cependant, les jeunes expriment aussi des besoins urgents, comme l’installation d’un forage solaire pour faciliter l’irrigation, l’achat de matériel agricole et le soutien à la formation.
Appel aux bonnes volontés, Daniel Vega lance un appel :
« Aider les orphelins est une mission noble. Ces jeunes ont besoin de votre soutien pour continuer à apprendre et à se construire un avenir. Nous remercions tous nos partenaires, en particulier le centre d’accueil de Kabalaye et l’ambassade d’Espagne, pour leur soutien précieux. Mais nous avons besoin de davantage d’aide pour exploiter pleinement nos terres et étendre nos activités. »
Une lueur d’espoirCette rencontre avec les orphelins du Centre éducatif Charles Lwanga révèle la force de leur résilience et l’importance d’un encadrement structurant pour leur permettre de rêver d’un avenir meilleur. En soutenant des initiatives comme celle-ci, nous contribuons à bâtir une société plus juste et durable.
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