Depuis sa création, le Festival Dary s’est imposé comme un véritable carrefour culturel et artistique, incarnant l’identité tchadienne et ses valeurs. Cependant, l’édition de cette année a soulevé des interrogations profondes sur la direction que prend cet événement pourtant emblématique. Ce qui devait être un espace de brassage culturel et de promotion des valeurs nationales s’est transformé, pour certains, en un théâtre de débordements et de dérapages.
Une dénaturation des objectifs initiaux
Né à la Place de la Nation avant d’être déplacé à la Maison de l’Art et de la Culture (ancien Palais du 15 janvier), le Festival Dary était censé célébrer le patrimoine tchadien tout en s’ouvrant à d’autres cultures. Mais cette année, l’intégration de pratiques étrangères et l’influence des réseaux sociaux semblent avoir brouillé la vision initiale. Les jeunes, alimentés par TikTok, Snapchat, Instagram et autres plateformes, y participent souvent sans réelle réflexion, transformant un espace de célébration en un lieu où les mœurs sont parfois bafouées.
Une jeunesse entre enthousiasme et dérives
Le festival, largement fréquenté par une jeunesse connectée aux réseaux sociaux, est aussi devenu un lieu où des comportements problématiques ont émergé. Vidéos virales, attitudes provocantes et inconscience des conséquences sur les mœurs ont alimenté les critiques. Certains reprochent à ces jeunes de rechercher plus la validation en ligne que le véritable esprit de partage culturel.
Une sécurité et une gestion critiquées
L’accessibilité financière (avec un tarif d’entrée fixé à seulement 500 FCFA) a certes permis une forte participation, mais elle a aussi attiré un public hétéroclite, parfois difficile à gérer. Le mélange de distractions, de drogues et d’alcool a exacerbé les comportements déviants, allant jusqu’à des actes de violence et d’agressions sexuelles, comme le montre une vidéo récemment diffusée sur les réseaux sociaux.Le Festival Dary et l’éclat de la diversité culturelle
Le Festival Dary a toujours été un carrefour d’expression artistique, où traditions locales et influences contemporaines se rencontrent. Cette année, la présence accrue de rythmes étrangers comme le Balthazar a marqué un tournant. Bien que certains y voient un enrichissement culturel, d’autres dénoncent une dérive qui, selon eux, dénature l’essence du festival.
Violences et sécurité :un bilan alarmant
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’émergence de cas d’agressions sexuelles signalés lors du festival. La ministre de la Femme, Amina Priscille Longoh, a exprimé son indignation et son soutien aux victimes :
> « Aucune fille ne devrait sortir tout en craignant pour son intégrité physique et morale. Les auteurs de ces actes doivent être poursuivis. »
Elle a également appelé à renforcer les mesures de sécurité, une responsabilité qu’elle place aussi entre les mains des organisateurs.
La ministre d’État, Amina Priscille Longoh, a réagi avec fermeté en exprimant son soutien aux victimes tout en appelant à la justice :
> « Dans un État de droit comme le nôtre, aucune fille ne devrait sortir tout en craignant pour son intégrité physique et morale. »
Elle a également exhorté les organisateurs à renforcer la sécurité et a souligné la nécessité d’éduquer les jeunes sur les questions de violences sexistes.
Un appel à préserver l’identité culturelle
De son côté, Mahamat Saleh Hissein Ben, président national du MONADAT, a plaidé pour une révision de l’événement :
> « Notre patrimoine culturel est précieux et mérite d’être préservé. Un événement culturel doit être inclusif, respectueux et en accord avec nos croyances et valeurs. »
l Il propose même une suspension du festival jusqu’à ce que son contenu soit redéfini pour mieux refléter les valeurs tchadiennes.
Dans le même sens, Mahamat Saleh Hissein Ben, président national du MONADAT, a rappelé l’importance de préserver l’identité culturelle tchadienne .
Pour lui, il est impératif de suspendre le Festival jusqu’à ce qu’un véritable réajustement soit effectué.
Réflexion et avenir : quel Festival Dary pour demain ?
Le Festival Dary traverse une crise identitaire. Comment équilibrer ouverture culturelle et préservation des mœurs ?
Faut-il revoir l’organisation, renforcer la sécurité ou rehausser les tarifs pour mieux encadrer la fréquentation ?
Ce débat dépasse le cadre du festival. Il questionne l’éducation, la responsabilité collective et la place de la jeunesse dans la société. Si le Festival Dary est un miroir de notre société, il est urgent d’en ajuster le reflet pour préserver son essence et garantir un avenir harmonieux à cet événement emblématique.
Dans ce contexte, une réforme concertée entre autorités, organisateurs et société civile s’impose. Car au-delà du divertissement, le Festival Dary doit rester un espace où la culture tchadienne brille dans toute sa splendeur et son authenticité.
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