Après plus de trois ans d’une présence aussi contestée que secrète, le groupe paramilitaire russe Wagner plie bagage au Mali. En coulisses, une nouvelle entité prend le relais : Africa Corps, bras armé plus structuré et directement piloté par le ministère russe de la Défense. Ce passage de témoin marque une nouvelle étape dans la stratégie russe sur le continent africain, avec Bamako comme pivot.
Une transition discrète mais stratégique
À Bamako, l’information circule sans être officiellement confirmée. Les autorités maliennes, fidèles à leur ligne de communication, continuent d’éviter toute reconnaissance explicite de la présence de Wagner, préférant parler d’« instructeurs russes ». Pourtant, sur le terrain, le départ progressif des mercenaires de Wagner semble acté, et leur remplacement par des éléments d’Africa Corps s’opère dans la continuité.
Africa Corps, encore méconnue du grand public, est une nouvelle force paramilitaire russe conçue pour assurer les intérêts extérieurs du Kremlin, notamment en Afrique. Composée à la fois d’ex-Wagner et de nouvelles recrues, elle se distingue par une chaîne de commandement plus directe et officielle avec Moscou, contrairement à Wagner dont les actions reposaient sur des liens informels et opaques.
Bilan contrasté de Wagner au Mali
Le départ de Wagner s’accompagne d’un bilan que le groupe lui-même qualifie de « positif », notamment en mettant en avant la reconquête de Kidal, bastion stratégique longtemps occupé par les rebelles touaregs. Toutefois, ce succès militaire ponctuel ne masque pas les critiques persistantes.
Sur une large partie du territoire malien, l’insécurité reste omniprésente. Des attaques jihadistes continuent de frapper le centre et le nord du pays, malgré la présence de Wagner. Pire encore, de nombreuses ONG internationales, dont Human Rights Watch, ont dénoncé de graves violations des droits humains, notamment des massacres de civils, attribués à des éléments du groupe paramilitaire russe.
Un changement dans la continuité ?
Le remplacement de Wagner par Africa Corps semble moins un retrait qu’une restructuration. Cette nouvelle entité marque une volonté de Moscou de rendre sa présence plus « légitime », plus encadrée, et potentiellement plus durable. Pour la junte malienne, c’est l’opportunité de maintenir une coopération sécuritaire étroite avec la Russie, tout en tentant de redorer une image ternie par les accusations d’exactions.
Reste à savoir si Africa Corps, avec ses méthodes et son encadrement militaire, parviendra à enrayer durablement l’insécurité qui gangrène le Mali, ou s’il ne s’agira que d’une nouvelle version – plus policée – de l’ombre de Wagner.
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