Au cours du deuxième semestre de 2024 (1er juillet – 31 décembre), le Tchad a enregistré une recrudescence des conflits inter/intracommunautaires, avec 28 incidents rapportés par le mécanisme de suivi et d’analyse de l’OCHA. Ce chiffre marque une augmentation de 7,7 % par rapport au premier semestre de la même année, traduisant une détérioration persistante du climat social et sécuritaire dans certaines régions du pays.
Un Sud particulièrement affecté par les tensions communautaires
Les provinces méridionales sont les plus touchées, concentrant 82 % des conflits répertoriés à l’échelle nationale. Le Logone Oriental demeure l’épicentre des tensions, avec 11 incidents recensés. La majorité des conflits observés (50 %) impliquent des affrontements entre agriculteurs et éleveurs, souvent liés à la gestion des ressources naturelles et aux déplacements saisonniers du bétail. En outre, 39 % des conflits sont de nature intracommunautaire, tandis que 7 % sont liés à des différends fonciers et 4 % concernent des affrontements entre agriculteurs.
Un bilan humain toujours préoccupant
Les affrontements ont causé 71 décès et 61 blessés durant cette période, soit une baisse par rapport au premier semestre 2024 (111 morts et 88 blessés). Toutefois, en comparaison avec la même période en 2023, les statistiques révèlent une hausse alarmante de 100 % du nombre de conflits (28 contre 14 en 2023) et une augmentation significative des décès (71 contre 40).
Cette montée des violences pourrait être attribuée à plusieurs facteurs, notamment l’incursion d’individus armés non identifiés signalée dans le sud du pays entre novembre et décembre 2024, contribuant à exacerber les tensions locales.
Déplacements et impact humanitaire
En raison de l’insécurité croissante, 1 018 personnes ont été contraintes de fuir leurs localités après deux affrontements majeurs en décembre 2024. Ces violences aggravent les défis humanitaires, menaçant la sécurité alimentaire, la cohabitation pacifique et l’accès aux services essentiels pour les populations affectées.
1Quelles réponses face à la crise ?
Face à cette montée des conflits, les autorités tchadiennes ont initié plusieurs mesures, notamment la sécurisation des zones à risque et l’organisation de dialogues intercommunautaires. Toutefois, ces initiatives restent insuffisantes si elles ne s’attaquent pas aux causes profondes des tensions, à savoir :
La compétition pour les ressources naturelles exacerbée par le changement climatique.
L’absence de mécanismes de médiation efficaces entre communautés.
La prolifération des armes légères et la porosité des frontières facilitant l’incursion de groupes armés.
Il est impératif que ces efforts soient renforcés par une approche multisectorielle incluant des solutions durables axées sur la prévention des conflits, la promotion de l’agriculture durable, la sécurisation du foncier rural, et le renforcement des mécanismes traditionnels de règlement des différends.
Si des mesures concrètes ne sont pas mises en place, le risque est grand de voir ces violences devenir une crise structurelle, compromettant davantage la stabilité et le développement du Tchad.
source : OCHA

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