Le 28 novembre 2024, le gouvernement tchadien a marqué l’histoire en annonçant la fin de l’accord de coopération en matière de défense signé avec la France, révisé en 2019. Ce communiqué, porté par le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, a mis fin à un partenariat stratégique de plusieurs décennies visant à renforcer la sécurité et la défense entre les deux nations.
La France prend acte et reste ouverte au dialogue
Le lendemain, le 29 novembre, Paris a réagi par une déclaration officielle de son ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Dans son communiqué, la France a rappelé qu’une réflexion était déjà en cours depuis deux ans sur la reconfiguration de son dispositif militaire en Afrique. Cette démarche s’inscrit dans une logique d’adaptation aux nouveaux défis sécuritaires et aux attentes des pays partenaires.
« La France en prend acte et entend poursuivre le dialogue pour la mise en œuvre de ces orientations », a déclaré le porte-parole du ministère, soulignant un engagement à maintenir des relations de coopération étroites avec le Tchad, malgré la fin de cet accord.
Un contexte géopolitique en pleine mutation
Cette décision tchadienne s’inscrit dans un mouvement plus large de redéfinition des relations entre l’Afrique et la France. Dans plusieurs pays du continent, y compris au Sahel, des révisions ou ruptures similaires ont été engagées pour adapter les partenariats aux réalités locales et aux aspirations des populations.
Quelles conséquences pour les deux nations ?
Pour le Tchad, la fin de cet accord représente un défi, mais aussi une opportunité de repenser son appareil sécuritaire et d’explorer de nouveaux partenariats régionaux ou internationaux. La question de la stabilité dans une région marquée par le terrorisme et l’insécurité reste cruciale.
Pour la France, cette décision renforce la nécessité de redéfinir sa stratégie militaire en Afrique. Après des ruptures similaires au Mali et au Burkina Faso, la France est confrontée à un défi : rester un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme tout en respectant les aspirations des pays africains à plus d’autonomie.
Malgré cette annonce, les deux pays affichent une volonté de préserver des relations constructives. Le Tchad, dans son communiqué, a insisté sur l’importance de maintenir des liens d’amitié et de coopération dans d’autres domaines, tels que le développement économique ou l’éducation.
Cette décision pourrait, à terme, ouvrir la voie à une relation plus équilibrée et respectueuse des priorités nationales de chaque partie.
L’annonce du Tchad de mettre fin à l’accord de défense avec la France est bien plus qu’une simple décision militaire. Elle symbolise une volonté politique forte de prendre en main son destin sécuritaire et de réinventer ses alliances stratégiques.
Alors que Paris et N’Djamena s’orientent vers une nouvelle phase de leurs relations, ce tournant marque une opportunité unique de redessiner les contours d’un partenariat moderne et mutuellement bénéfique, dans un contexte où la souveraineté des États africains est au cœur des débats internationaux.
Déclaration par son porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères : Tchad- Reconfiguration du dispositif militaire français (29 novembre 2024)
La France a entamé depuis près de deux ans une réflexion et un dialogue avec ses partenaires sur la reconfiguration de ses dispositifs militaires en Afrique, notamment dans le cadre de la mission menée par Jean-Marie Bockel.
Dans ce cadre, un dialogue étroit est mené avec les autorités tchadiennes, qui ont fait part de leur souhait de voir évoluer le partenariat de sécurité et défense dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères tchadien du 29 novembre 2024.
La France en prend acte et entend poursuivre le dialogue pour la mise en œuvre de ces orientations.
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