SANTE : Piqûres de scorpion et lutte contre l’avancée du désert.

Ecrit par admin

mars 4, 2023

« D’agir avant qu’il ne soit trop tard en apportant des réponses adéquates et adaptées aux situations vécues par les populations locales des régions du B.E.T en matière de piqûres de scorpion et lutte contre l’avancée du désert. »  Mr Saleh Sougoudi Kellemi Président de l’Organisation Halt Death Stalker (HDS)

INTERVIEW – Au Tchad, Les piqûres de scorpions sont la première cause de mortalité dans les villes de Bardaï, Faya, Fada et Amdjarass. On dénombre un nombre important de moins d’une dizaine  décès environ par mois dans certains régions du nord majoritairement des enfants, des femmes enceintes et des vieillards. Pour en savoir plus sur cette problématique sur le scorpion et les pathologies qui en résultent dans les régions du B.E.T,  l’Organisation Halt Death Stalker (HDS) est la seule structure officielle qui lutte contre les piqures de scorpions au BET,  qui a fait une étude de terrain sur les différentes espèces, les zones endémiques et les périodes où les piqûres sont les plus fréquentes afin de constituer une base de données fiables et à jour . Créée en 2000, l’ONG Halt death stalker œuvre dans la lutte multisectorielle contre les piqûres et envenimations liées au scorpion et l’avancée du désert dans les régions du Borkou, de l’Ennedi est, du l’Ennedi ouest et du Tibesti.

 Mr Saleh Sougoudi Kellemi Président de l’Organisation Halt Death Stalker (HDS) répond :

  • Pourquoi une association de lutte contre scorpions ?

L’idée de la création de l’organisation HDS est partie de plusieurs constats faits sur le terrain, des publications faites par des médecins et infirmiers, des études des experts environnementaux exerçant dans ces régions et des plaintes exprimées par les populations locales, les chefs traditionnels et les autorités administratives.

Ces constats ont, non seulement, motivé les initiateurs de ce projet mais ils ont soulevé une question cruciale qui est celle d’agir avant qu’il ne soit trop tard en apportant des réponses adéquates et adaptées aux situations vécues par les populations locales des régions du B.E.T en matière de piqûres de scorpion et de lutte conte l’avancée du désert. 

Quelles sont les différentes espèces de scorpions qui existent ?

On dénombre actuellement dans le monde environ 1400 espèces de scorpion reparties en 9 familles, parmi elles, les Buthidés constituent la famille la plus dangereuse pour l’homme.

La famille de scorpion dangereuse à l’homme dont vous faites mention existe-il au Tchad ?

Effectivement, l’espèce dont il est question est le scorpion du Sahara tchadien dont l’espèce la plus redoutable, le leiurus quinquestriatus, est malheureusement la plus fréquente au BET. 

Le leiurus est de la famille de Buthidés, un arthropode de couleur jaune, mesurant 7 à 10 cm, et se distingue des autres scorpions par les deux derniers anneaux de sa queue qui sont sombres et surtout de ses pinces qui sont fines. Son venin est de loin le plus foudroyant et la bestiole elle-même est hyper agressive face à une moindre rencontre.

En quel période ils menacent le plus souvent ?

 Le pic des piqures de scorpions est enregistré pendant les mois de fortes chaleurs notamment le mois de mars, avril mai et parfois juin.

Quel bilan faites-vous de cas de menace par région ?

Les piqûres de scorpions constituent l’une des premières causes de mortalité à Faya. On dénombre 300 cas dont 10 décès environ par mois pendant le moment de pic, majoritairement des enfants et des femmes enceintes.

Ces dix dernières années les régions de l’Ennedi est et de l’Ennedi Ouest connaissent la même flambée de cas comme dans le Borkou.

Notre dernier rapport épidémiologique remonte en 2018 où L’incidence la plus élevée est notifiée dans la région du Borkou qui s’élève à 30435 cas suivie de la Région de l’Ennedi Ouest avec 986 cas, de la Région de l’Ennedi Est avec 430 cas enregistrés et enfin de la Région du Tibesti avec 264 cas notifiés soit le taux d’incidence le plus faible du BET. Le total des cas notifiés est de 4.723 cas. Ce nombre est largement en deçà des réalités s’il l’on considère que les populations ont tendance a utilisé des thérapeutiques traditionnelles et à ne déclarer que les cas les plus graves.

Y’a-t-il de remède efficace ?

Le traitement à la base au Tchad est symptomatique c’est pourquoi les cas de décès sont nombreux. Depuis 2014, date de l’introduction de sérum anti venin au Tchad à la faveur de plaidoyer faite à l’atelier sur le scorpionisme tenu à Faya dont notre organisation à initier avec l’appui du Ministère de la Sante Publique les cas décès ont chuté de 50%.

Quel sont vos Objectifs ?

Apporter un soutien médical, financier, matériel et moral aux populations des Régions du Borkou, Ennedi, et du Tibesti, particulièrement aux couches sociales vulnérables notamment les femmes enceintes, les enfants et les vieillards, en matière de protection et de lutte contre les Piqures de scorpions et autres piqures venimeuses, l’accès aux traitements et aux centres sanitaires ;

Informer-Eduquer-Communiquer, par des voies légales sur les mortalités liées au scorpion, en particulier celles de l’espèce leiurus quinquestriatus au niveau des régions précitées notamment, sur les zones endémiques et à risque, sur les moyens et méthodes de préventions et les actions mises en œuvre par l’organisation HDS ;

Interview : MAHAMAT KAO ADOUM

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