Un simple don de l’ambassade de France à Moundou, destiné aux anciens combattants tchadiens, a suffi à provoquer une vague de réactions enflammées dans l’opinion publique. Cette aide, évaluée à 300 000 FCFA, a été perçue par certains comme une preuve supplémentaire du « mépris » envers ceux qui ont combattu sous le drapeau français. Face à cette polémique, l’ambassade et les représentants des anciens combattants ont réagi pour clarifier les faits et défendre un partenariat historique, souvent méconnu.
Un don mal compris, un passé glorieux ignoré d’après le communiqué
Ce geste, présenté par certains comme dérisoire, a ranimé un vieux ressentiment sur la perception des relations entre la France et ses anciens alliés africains. Les critiques se sont concentrées sur l’apparente modestie de la somme, ravivant un sentiment d’humiliation et d’oubli. Pourtant, selon Haroun Mahamat, président de l’association des anciens combattants, cette aide s’inscrit dans un cadre annuel d’assistance et de collaboration active avec l’ambassade.
« Cette contribution répond à une demande directe des anciens combattants eux-mêmes, confrontés à une hausse des prix et à des conditions de vie précaires », a-t-il précisé dans un message.
Il a également souligné les multiples initiatives de l’ambassade, allant de la réfection des logements à l’installation de panneaux solaires, en passant par la prise en charge médicale et l’organisation de cérémonies commémoratives.
La réponse de l’ambassade de France :
une mise au point fermeFace à l’escalade des critiques, l’ambassade de France au Tchad a publié un communiqué pour dénoncer les « tentatives malhonnêtes » de minimiser son engagement. Loin de se limiter à Moundou, l’aide apportée en 2024 inclut des contributions substantielles à travers 12 autres localités du pays, totalisant plusieurs millions de FCFA.
Dans son communiqué, l’ambassade de France honore et rend hommage à ses anciens combattants tout au long de l’année en leur apportant, ainsi qu’à leurs veuves et descendants, le soutien qui leur est dů en remerciement de leur engagement au service de la France : pensions, prise en charge médicale, soutiens financiers, structures d’accueil.Cette année, une aide complémentaire en vivres etmatériels, représentant plusieurs millions de francs CFA,est fournie auX anciens combattants de Moundou, Mongo, Sarh, Doba, et de 10 autres villes du Tchad.
« À ces valeureux anciens, la France est éternellement reconnaissante », a affirmé l’ambassade, rappelant que son soutien ne se limite pas aux dons ponctuels, mais s’inscrit dans une relation durable marquée par des pensions régulières, une aide sociale et des projets mémoriels en cours.
Un enjeu de mémoire et de reconnaissance mutuelleCette controverse met en lumière un enjeu plus profond : la place des anciens combattants dans les mémoires collectives tchadienne et française. Haroun Mahamat a déploré l’absence d’initiatives nationales pour honorer ces vétérans et sensibiliser les jeunes générations à leur contribution historique, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale.
« Nous voulons écrire notre histoire commune avec la France pour qu’elle soit enseignée dans nos écoles », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de préserver ces récits pour les générations futures.
Ce malentendu autour du don de Moundou rappelle la fragilité des perceptions dans les relations internationales et les attentes souvent non dites. Si les anciens combattants tchadiens restent des figures respectées, leur prise en charge suscite des attentes légitimes, tant envers la France qu’envers les autorités tchadiennes.
Dans ce contexte, le défi reste de transformer ces polémiques en une opportunité pour renforcer la reconnaissance, la solidarité et le dialogue entre les deux nations, unies par une histoire commune que personne ne souhaite voir disparaître.
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