L’Afrique devient le nouvel échiquier des grandes puissances, et la Russie s’y impose méthodiquement, profitant des failles stratégiques de la France. Les départs précipités des forces françaises de Centrafrique, du Mali, du Niger, et bientôt du Tchad, laissent un vide sécuritaire et diplomatique dans lequel Moscou s’engouffre, armé d’un plan habile et d’alliés controversés comme le groupe Wagner.
Un retrait mal anticipé : la Centrafrique, premier acte
En 2016, l’opération Sangaris s’achève avec le départ des troupes françaises de Bangui, malgré les avertissements des autorités centrafricaines. Cette décision, jugée précipitée, ouvre la voie à la Russie, qui déploie dès 2017 ses paramilitaires de Wagner sous le prétexte de « formation militaire ». Résultat : Moscou obtient des concessions minières en échange d’une sécurité relative, établissant un pied stratégique en Centrafrique.
Effet domino : du Mali au Tchad
L’histoire se répète au Mali en 2022, avec le retrait des forces françaises de l’opération Barkhane. Les mercenaires russes de Wagner s’installent rapidement, signant des accords avantageux avec Bamako en échange d’un accès privilégié aux ressources naturelles.
Le Tchad pourrait marquer la prochaine étape. Début 2025, les bases françaises restantes doivent fermer leurs portes, conformément à la volonté affichée des autorités tchadiennes de garantir leur souveraineté. Contrairement aux rumeurs d’une éventuelle collaboration avec la Russie, N’Djamena se positionne clairement : aucune base étrangère ne remplacera celle de la France.
Les raisons d’un désengagement français
Le retrait français s’explique par une série de tensions politiques et d’échecs stratégiques. Paris, focalisé sur des opérations anti-terroristes, a négligé le renforcement institutionnel et le développement durable des États africains. Cela a permis à Moscou de se présenter comme une alternative crédible, jouant sur son image de puissance « anti-impérialiste ».
Wagner, un outil de puissance hybride
Le groupe Wagner incarne la stratégie russe en Afrique : offrir des solutions sécuritaires en échange de ressources naturelles, tout en renforçant l’influence politique de Moscou. Cependant, cette méthode suscite des critiques croissantes : les exactions des mercenaires risquent de ternir l’image de la Russie auprès des populations locales.
L’Afrique, terrain de jeu des puissances mondiales
La Russie n’est pas seule à convoiter le continent. La Chine, la Turquie et les États du Golfe multiplient également leurs initiatives. L’Afrique devient un espace de compétition féroce où chaque puissance exploite les failles laissées par les anciennes puissances coloniales.
Pour regagner sa place, Paris devra non seulement réviser ses stratégies militaires, mais surtout proposer des partenariats équitables axés sur le développement économique et la coopération locale.
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