Alors que le conflit soudanais entre dans sa troisième année, François Batalingaya, coordinateur humanitaire des Nations Unies au Tchad, tire la sonnette d’alarme dans une lettre ouverte poignante. Son message : ne pas détourner le regard d’un pays à bout de souffle, qui continue pourtant d’incarner la solidarité au cœur du chaos régional.
Une crise sans précédent aux portes du Tchad
Depuis avril 2023, le Tchad oriental fait face à un afflux massif de populations fuyant la guerre au Soudan. Près d’un million de personnes, selon les dernières données du HCR et de l’OIM, ont trouvé refuge dans les provinces du Ouaddaï, du Wadi Fira et du Sila. Parmi elles, plus de 769 000 réfugiés soudanais et 216 000 retournés tchadiens, sans compter les 400 000 réfugiés de crises antérieures.
Déjà fragiles avant la crise, ces régions voyaient deux personnes sur trois dépendre de l’aide humanitaire dès le début de 2023. Deux ans plus tard, ce chiffre a plus que doublé, atteignant près de 2,4 millions de personnes en besoin urgent de soutien.
Un pays en première ligne, au bord de la rupture
Le Tchad n’est pas seulement confronté à une urgence migratoire. Il affronte aussi les effets de la crise climatique : sécheresses, inondations, insécurité alimentaire croissante, pénurie d’eau et conflits d’usage des terres.
« Aujourd’hui, l’accès à la terre, à l’eau et aux services de base est plus difficile que jamais », déplore Batalingaya, tout en soulignant la frustration croissante des communautés hôtes, souvent oubliées dans la réponse humanitaire.
Un exemple de résilience et de générosité
Malgré des conditions alarmantes, le peuple tchadien et ses autorités ont ouvert leurs frontières, accueilli sans relâche, partagé ce qu’ils avaient.
« Le Tchad reste un exemple de résilience et d’humanité. Il a même facilité des opérations humanitaires transfrontalières vers le Soudan », rappelle Batalingaya.
Mais l’épuisement est palpable. Les besoins humanitaires sont immenses. Les personnes arrivant n’ont parfois rien d’autre que les vêtements sur le dos. Elles nécessitent abris, soins médicaux, eau potable et nourriture.
Un appel à la solidarité mondiale
Face à cette situation critique, le plan humanitaire 2025 vise à aider plus de deux millions de personnes, avec des objectifs clairs : soutien nutritionnel pour 577 000 enfants et femmes allaitantes, aide alimentaire pour 726 000 individus, accès à l’eau potable pour 580 000 personnes et abris pour 112 000.
Mais les ressources s’amenuisent.
« Dans un monde où les crises se multiplient et les financements diminuent, il est vital de ne pas oublier le Tchad », insiste Batalingaya.
Un avertissement pour la paix
En cette date symbolique marquant deux ans de conflit, le coordinateur humanitaire exhorte la communauté internationale à agir :
« Des millions de vies sont en jeu. Le Tchad a fait sa part, il est temps que le monde fasse la sienne. »
MEDD TV. INFO TCHAD VERT
lire la lettre ouverte ici :

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