Face à des conditions de travail jugées discriminatoires, les employés tchadiens de la filiale locale de la China National Petroleum Corporation (CNPC) appellent à un rééquilibrage salarial et au respect de la législation nationale. Un reportage de France 24 jette une lumière crue sur ces inégalités.
Au Tchad, la CNPC, géant pétrolier d’État chinois, est de nouveau au cœur de la polémique. Après des accusations de corruption formulées par la Confédération syndicale indépendante des douanes, c’est désormais le traitement réservé à ses employés locaux qui suscite l’indignation. Un reportage de France 24, réalisé par le journaliste Harold Girard, révèle que les ouvriers tchadiens perçoivent des salaires bien inférieurs à ceux de leurs collègues chinois, pour des tâches identiques et des conditions de travail parfois exténuantes.
« Évidemment, je n’avais pas pensé avoir une autre activité, parce que c’est une compagnie pétrolière. Donc quand on parle de pétrole, tout le monde sait qu’il y a de l’argent », témoigne anonymement un ouvrier. Pour moins de 800 euros par mois et jusqu’à 35 jours de travail consécutifs, ce dernier compare sa rémunération à celle d’un expatrié chinois payé au minimum 3 000 euros au même poste.
Cette disparité salariale n’est que la partie émergée de l’iceberg. D’après Christian Noubaissem, secrétaire général du syndicat PETROSYNAT, la CNPC viole également la loi tchadienne, qui impose le transfert des postes occupés par des étrangers à des nationaux au bout de deux ans. « Nous attendons de la part de la CNPC le respect de la législation tchadienne. Nous interpellons les autorités pour que cette Convention soit appliquée dans toutes les entreprises du secteur pétrolier du Tchad », déclare-t-il.
L’État, par la voix d’Adoum Mahamat, inspecteur général au ministère du Pétrole, appelle à la patience. Il rappelle que le non-renouvellement des titres de séjour ou des cartes de travail pourrait être une réponse aux violations des règles sur la nationalisation des emplois.
Cette situation intervient dans un contexte où le secteur pétrolier est crucial pour le Tchad, représentant près de 40 % des recettes de l’État. Le 1er février dernier, lors d’un point de presse à la Bourse du travail, le syndicat PETROSYNAT avait déjà alerté sur les dérives du secteur et exigé l’application intégrale de la convention collective pour une amélioration des conditions de travail des employés locaux.
Alors que la CNPC continue ses opérations dans le Sahel, les travailleurs tchadiens, eux, réclament justice et équité sur leur propre sol. Le reportage de France 24 met en lumière des pratiques que beaucoup dénoncent depuis des années dans l’ombre, en espérant cette fois une réponse concrète de l’État et des partenaires du secteur pétrolier.
la rédaction
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