N’Djamena, octobre 2025 — À l’occasion de la célébration de la campagne Octobre Rose, consacrée à la lutte contre les cancers féminins, la Directrice pays de l’ONUSIDA au Tchad, Dr Françoise Ndayishimiye, a lancé un appel fort pour l’intégration systématique du dépistage du cancer du col de l’utérus et de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) dans les services de prise en charge du VIH au Tchad.
Intervenant lors d’un talking points à la cérémonie de lancement des activités d’Octobre Rose, Dr Ndayishimiye a rappelé que cette démarche est vitale pour réduire la morbidité et la mortalité chez les femmes vivant avec le VIH, qui sont jusqu’à six fois plus à risque de développer ce cancer que les autres.
« Le risque de cancer du col de l’utérus est beaucoup plus élevé chez les femmes vivant avec le VIH. L’intégration du dépistage et de la vaccination HPV dans les services VIH est non seulement une nécessité médicale, mais un impératif de santé publique », a-t-elle affirmé.
Un fléau évitable, mais encore meurtrier
Le cancer du col de l’utérus, causé dans plus de 90 % des cas par une infection persistante au papillomavirus humain (HPV), reste l’un des cancers les plus meurtriers chez la femme.
En 2022, le monde a enregistré 660 000 nouveaux cas et 350 000 décès, dont 94 % dans les pays à revenu faible et intermédiaire, selon les données mondiales.
Bien que prévenable grâce à la vaccination HPV et au dépistage régulier, ce cancer continue de frapper de plein fouet les pays africains, où les capacités de diagnostic et de suivi demeurent limitées.
Des actions concrètes pour un changement durable
Dans son intervention, Dr Ndayishimiye a proposé une série de recommandations stratégiques pour renforcer la prévention et la détection précoce du cancer du col au Tchad :
Alignement des politiques nationales
- Le Tchad dispose désormais d’un registre national du cancer et d’un Programme national de lutte contre le cancer.
- La création d’un centre de cancérologie annoncée récemment constitue une avancée majeure.
- Une approche intégrée, comme le recommande l’OMS, combinant vaccination, dépistage et traitement, est essentielle.
Intégration dans les services VIH existants
- Former les prestataires VIH pour réaliser des tests de dépistage du col (frottis, tests HPV ADN).
- Intégrer le dépistage systématique dans les consultations de routine pour les femmes vivant avec le VIH.
- Offrir la vaccination HPV aux filles de 9 à 15 ans, y compris celles infectées par le VIH, dans les services pédiatriques et scolaires.
Renforcement des capacités
- Former les agents de santé à une prise en charge intégrée VIH–cancer du col.
- Élaborer des protocoles cliniques harmonisés et des systèmes de suivi efficaces.
Mobilisation communautaire
- Utiliser les groupes de soutien VIH et les associations féminines pour sensibiliser.
- Collaborer avec les leaders communautaires et religieux pour réduire la stigmatisation.
- Amplifier les messages via les médias et réseaux sociaux.
Financement et partenariats
- Mobiliser les ressources nationales et internationales, publiques et privées.
- Intégrer ces actions dans le Plan national de développement sanitaire.
Suivi et recherche
- Exploiter le registre national du cancer pour un suivi précis.
- Promouvoir la recherche opérationnelle afin d’adapter les stratégies aux réalités locales.
Un engagement collectif pour sauver des vies
En conclusion, Dr Ndayishimiye a souligné que l’intégration du dépistage et de la vaccination HPV dans les services VIH représente un levier majeur pour atteindre les objectifs de santé publique et de développement durable au Tchad :
« Investir dans la prévention du cancer du col, c’est investir dans la vie des femmes tchadiennes. Ensemble, nous pouvons sauver des vies et bâtir un avenir plus sain et équitable. »
📍 Contexte :
La campagne Octobre Rose, célébrée chaque année à travers le monde, vise à sensibiliser sur la prévention et le dépistage des cancers féminins, notamment celui du sein et du col de l’utérus.
Au Tchad, plusieurs institutions publiques, partenaires techniques et organisations internationales, dont l’ONUSIDA, s’engagent activement dans cette lutte pour protéger la santé et la dignité des femmes.
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