Une Crise Migratoire en Pleine Expansion

L’afflux de réfugiés soudanais au Tchad ne cesse d’augmenter, exacerbant une situation humanitaire déjà critique. En janvier 2024, 16 271 nouveaux arrivants ont été enregistrés, suivis de 21 027 en février, marquant une augmentation de 30 %.

Depuis le début de l’année, ce sont 40 081 réfugiés soudanais qui ont franchi la frontière, portant leur nombre total à 763 620 depuis le début du conflit en avril 2023. Face à cette vague migratoire, les autorités tchadiennes et leurs partenaires humanitaires intensifient leurs efforts pour assurer un accueil digne et sécurisé.

Un Processus de Relocalisation Accéléré

Pour désengorger les zones frontalières, plus de 3 600 réfugiés ont été relocalisés en seulement deux semaines. Entre le 17 février et le 2 mars, 1 155 personnes ont été transférées d’Adré vers les sites de Dougui et Abougoudam (Ouaddaï), tandis que 2 485 autres ont été déplacées de Tiné vers Koursigué (Guéréda, Wadi-Fira). Ces relocalisations s’accompagnent d’une campagne de sensibilisation menée par les autorités locales. Le 22 février, une réunion à Adré entre le préfet d’Assoungha, les leaders réfugiés et les partenaires humanitaires a permis d’expliquer les objectifs et les modalités du processus.

Un Plan de Relocalisation Ambitieux et Révisé

Pour répondre à l’urgence, le gouvernement tchadien a revu à la hausse son plan de relocalisation. Initialement fixé à 150 000 réfugiés, l’objectif est désormais d’atteindre 280 000 d’ici mi-2025. Ce plan, dont le budget est estimé à 130 millions de dollars, prévoit l’augmentation du nombre de sites d’accueil dans la province du Ouaddaï (passant de trois à cinq) et l’aménagement d’un nouveau site dans le Wadi-Fira. Ces ajustements visent à offrir aux réfugiés un cadre de vie plus stable et mieux équipé. Les autorités ont partagé ce plan avec l’ensemble des partenaires humanitaires afin de mobiliser les financements nécessaires et améliorer la coordination des interventions.

Un Cadre Stratégique pour une Réponse Humanitaire Durable

Le 28 février 2025, le Tchad a officiellement lancé deux plans majeurs :

Le Plan de Réponse Humanitaire (HNRP 2025), qui vise à mobiliser 1,45 milliard de dollars pour aider 5,5 millions de personnes vulnérables.

Le Plan de Réponse aux Réfugiés (RRRP 2025), nécessitant 701 millions de dollars et structuré autour de trois axes stratégiques :

Répondre aux besoins urgents à la frontière.

Accélérer la relocalisation vers des sites sécurisés avec des infrastructures adaptées.

Favoriser l’autonomisation économique des réfugiés et des communautés hôtes.

Ces plans, portés par le ministère de l’Action sociale, de la Solidarité et des Affaires humanitaires en collaboration avec les Nations Unies, s’inscrivent dans une approche triple nexus (humanitaire, développement, paix). L’objectif est d’apporter des solutions pérennes, allant au-delà de l’aide d’urgence pour garantir la stabilité et la résilience des populations affectées.

Des Solutions Durables pour les Déplacés InternesEn parallèle, le gouvernement tchadien poursuit son engagement en faveur des personnes déplacées internes, notamment dans la province du Lac. Le Comité provincial de concertation pour le Nexus Humanitaire Développement et Paix a validé un plan de zonage, divisant les 240 sites existants en 11 zones de convergence. Ce projet vise à améliorer la coordination de l’aide et à encourager un développement harmonieux. Six zones prioritaires ont été identifiées pour tester des solutions durables, avec le soutien du HCR et des acteurs locaux.

Un Défi Humanitaire Majeur Appelant à une Mobilisation Internationale

Face à l’ampleur de cette crise, la mobilisation des ressources financières et humaines reste un enjeu capital. Le Tchad, déjà confronté à des défis socio-économiques et climatiques, ne peut faire face seul à cet afflux massif de réfugiés. L’appui de la communauté internationale est indispensable pour éviter une catastrophe humanitaire et garantir une prise en charge efficace et digne de ces populations vulnérables.

La réponse à cette crise ne peut être seulement réactive : elle doit s’inscrire dans une vision à long terme, où humanitaire et développement avancent de pair pour construire un avenir plus stable et résilient.

RÉDACTION MEDD TV INFO TCHAD VERT

Source : UNHCR