Ce vendredi 17 janvier 2025, le Bureau Tchadien des Droits d’Auteurs (BUTDRA) a procédé au paiement des droits d’auteur aux artistes tchadiens. Une initiative importante dans un secteur marqué par des défis financiers et organisationnels. Cette démarche repose essentiellement sur les contributions des petits usagers tels que les bars, restaurants et discothèques, alors que les grands contributeurs comme l’ONAMA (Office National des Médias Audiovisuels) tardent à honorer leurs obligations.
Des propos marquants des acteurs culturelsLors de cette cérémonie, plusieurs personnalités du secteur culturel ont pris la parole pour exprimer leur satisfaction, mais aussi leurs préoccupations face à la situation des artistes au Tchad.
Lors de la cérémonie, Masngar Jonas Massengo, Président Conat et représentant des trois plateformes, a salué les efforts du BUTDRA tout en rappelant l’urgence de régler les arriérés dus aux artistes.
« C’est la législation de la République qui exige à l’ONAMA de verser des redevances en contrepartie de l’utilisation des œuvres des artistes. Les textes stipulent que 6 % du budget général de l’ONAMA doivent être reversés au profit des artistes. », a-t-il déclaré.
Il a également dénoncé l’incapacité de l’ONAMA à honorer ses engagements :
« Les responsables de BUDRA ont proposé à l’ONAMA de verser un forfait annuel de 40 millions FCFA. Même ce montant, l’ONAMA est incapable de le respecter. C’est pourquoi nous avons accumulé un arriéré de 190 millions FCFA. »
De son côté, Boukori, Directeur du BUTDRA, a insisté sur son engagement envers les artistes , a tenu à rassurer les artistes tout en exprimant sa détermination :
« Si moi, Boukori, je reviens comme Directeur de la BUDRA et qu’il n’y a pas de résultats, je ne souhaite pas rester. Tout ce que je vous demande, c’est de me faire confiance, car je suis ici pour une cause. »
Saleh Mahamat Ahmat, coordinateur général de la Maison des Patrimoines Culturels, a souligné l’importance des efforts collectifs pour garantir les droits des artistes :
» La situation concernant le paiement et le versement des droits aux artistes nous préoccupe tous. Les hautes autorités de la République, à commencer par le Président de la République, le Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno, accordent une attention particulière à la question du bien-être des artistes tchadiens. »
« Je tiens d’abord à saluer ce partenariat exemplaire entre ces trois plateformes et le Bureau national des auteurs, sous la supervision du Bureau des Patrimoines Culturels du Tchad. De nombreux efforts sont déployés pour que les artistes puissent entrer dans leurs droits. » A t – il ajouté.
À la fin de la cérémonie, quelques artistes tchadiens ont partagé leurs impressions au micro de MEDD.TV INFO TCHAD. Si certains saluent le geste du BUTDRA, d’autres dénoncent l’insuffisance des montants perçus et l’inaction de l’ONAMA.
» C’est un geste à saluer, même si ce n’est pas suffisant pour couvrir nos besoins. Nous avons des enfants à nourrir, à scolariser, et des soins de santé à financer. Même si ce qu’on reçoit est peu, nous n’avons pas le choix. Il faut faire avec ! », confie un artiste.
Un autre artiste regrette le manque de reconnaissance pour leur rôle crucial :
« Souvent, ce sont nos œuvres qui remplacent les journalistes quand ils partent en pause. Nos chansons et nos créations animent les radios et télévisions, et pourtant, l’ONAMA refuse de payer ce qu’elle nous doit. »
Face à ces frustrations, les artistes avaient prévu une marche pacifique pour réclamer leurs droits, mais celle-ci a été interdite par les autorités.
« Nous sommes des artistes, pas des fauteurs de troubles. Nous vivons de notre art, et ce sont ces revenus qui nous permettent de survivre. Nous exigeons simplement le respect de nos droits. », explique un porte-parole du collectif des artistes.
« Nous n’avons pas d’autre métier, c’est avec cet argent qu’on vit. Nous méritons d’être respectés et rémunérés pour notre travail. », a déclaré un autre artiste.
Une question de survie pour les artistes tchadiens
Le paiement des droits d’auteur représente une bouffée d’oxygène pour les artistes tchadiens, mais les défis restent nombreux. L’absence de contributions significatives de l’ONAMA met en péril la pérennité de ces paiements et, plus largement, la survie des artistes.
Alors que les petits établissements continuent de jouer leur rôle en versant leurs cotisations, il est urgent que l’ONAMA, acteur clé du secteur audiovisuel, respecte ses engagements pour garantir une rémunération équitable des créateurs.
La culture tchadienne, véritable richesse nationale, mérite un meilleur traitement, et les artistes, qui en sont les gardiens, attendent des actes concrets pour améliorer leur condition de vie et de travail.
MKA










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