À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai 2025, l’ONG MEDEV a réuni à Betna de Ndjaména des professionnels des médias et jeunes communicants autour d’une causerie-débat éclairante sur le thème : « Médias libres, démocratie forte : quel avenir pour la liberté de la presse à l’ère de la désinformation ? ».
Dans un contexte où les fausses informations pullulent sur les réseaux sociaux et les médias en ligne se multiplient de façon anarchique, où les fake news circulent plus vite que l’information vérifiée, les échanges ont permis de poser un regard lucide sur l’état de la presse tchadienne et les menaces qui pèsent sur sa liberté. Trois intervenants de renom ont pris la parole :
Laldjim Narcisse, représentant de Reporters Sans Frontières,
Laouro Gondjé, de la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA),
Adoudoum Gédéon, consultant et journaliste indépendant.
Les dérives du numérique au cœur des échanges
Chaque intervenant a livré une analyse pointue sur les enjeux actuels du journalisme, en mettant l’accent sur l’histoire de la profession, les principes éthiques et déontologiques, ainsi que les menaces que représentent la désinformation et les dérives des réseaux sociaux.
Les contraintes économiques et juridiques qui pèsent sur les médias, notamment les organes de presse en ligne, ont également été abordées. Malgré des efforts de formation et des rappels constants à l’éthique, certains médias continuent de bafouer les règles élémentaires du journalisme professionnel, au détriment de la crédibilité de l’information.
Une liberté en progression, mais sous tension
Pour Laldjim Narcisse et Laouro Gondjé, la liberté de la presse au Tchad connaît des avancées notables comparée à certains pays de la sous-région. Cependant, elle reste fragile, souvent entravée par des manquements au professionnalisme, une faible régulation du secteur numérique et la pression économique sur les rédactions.
Chacun a apporté un éclairage professionnel sur des thèmes clés : l’évolution du journalisme, ses fondements éthiques et déontologiques, l’impact de la désinformation, mais aussi les contraintes économiques, juridiques et sociales qui fragilisent les médias locaux. Ils ont également soulevé la prolifération anarchique des plateformes d’information en ligne, souvent éloignées des normes professionnelles.
« La liberté de la presse au Tchad, bien qu’imparfaite, se porte mieux que dans plusieurs autres pays africains », a souligné Laouro Gondjé conseiller de la HAMA, appelant à un renforcement des mécanismes de régulation et de formation continue des professionnels.
De son côté, Laouro Gondjé conseiller de la HAMA a insisté sur le rôle crucial des médias dans la consolidation démocratique, mais déplore que certains organes persistent à violer les règles élémentaires du métier, malgré les nombreuses sessions de formation et les rappels à l’ordre.
« La crédibilité de l’information repose avant tout sur la rigueur éthique », a martelé Adoudoum Gédéon, appelant à un sursaut collectif de la corporation.
Un hommage aux figures emblématiques de la presse
La journée s’est achevée par une exposition photo rendant hommage aux grandes figures de la presse nationale. Ce moment de mémoire et de reconnaissance a permis de rappeler le rôle fondamental des journalistes dans la construction démocratique du pays, et a été immortalisé par une photo de famille symbolique.
Cette rencontre a permis de raviver le débat autour de la liberté de la presse au Tchad, tout en traçant des pistes pour mieux défendre l’intégrité journalistique dans un monde de plus en plus envahi par la désinformation.
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