N’Djamena, 17 avril 2025 – Le Tchad est secoué depuis plusieurs semaines par un phénomène étrange et inquiétant : des rumeurs persistantes d’« enlèvements de sexe » se propagent à une vitesse fulgurante, alimentant peur, méfiance et parfois des actes de violence. Face à la montée de la psychose dans plusieurs quartiers du pays, les autorités ont tenu ce jeudi une conférence de presse conjointe à l’ONAMA pour apporter des éclaircissements et lancer un appel au calme.

Pas de preuve médicale, selon les autorités

Le Ministre de la Sécurité Publique et de l’Immigration, Ali Ahmat Akhabache, a déclaré sans détour qu’aucune expertise médicale n’avait à ce jour confirmé un seul cas réel d’enlèvement de sexe.

« Nous comprenons l’inquiétude des citoyens, mais rien ne prouve la véracité de ces allégations. Ce phénomène s’apparente davantage à une rumeur collective qu’à une réalité médicale ou criminelle », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs condamné fermement les actes de justice populaire signalés dans certaines localités, appelant la population à faire confiance aux forces de sécurité et à respecter les lois de la République.

Appel à la responsabilité médiatique

Prenant la parole à son tour, le Ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, Gassim Chérif Mahamat, a insisté sur le rôle crucial des médias dans la gestion de l’information.

« Les journalistes doivent faire preuve de responsabilité et ne pas relayer des informations non vérifiées qui alimentent la peur et la suspicion dans la société », a-t-il martelé.

Il a mis en garde contre la diffusion de fausses nouvelles, soulignant que des sanctions pourraient être prises contre les auteurs de désinformation.

Un climat de méfiance généralisée

Dans plusieurs quartiers de N’Djamena et des villes de province, des incidents liés à ce phénomène ont été signalés : des suspects ont été pris à partie par des foules en colère, parfois sans preuve tangible, juste sur la base de soupçons. Ce climat tendu met à mal la cohésion sociale et expose des innocents à de graves violences.

Une rumeur à déconstruire

Les autorités appellent à une mobilisation collective pour endiguer ce phénomène. Des campagnes de sensibilisation sont en préparation pour déconstruire cette rumeur qui, selon certains sociologues, puise ses racines dans des croyances mystiques et un contexte de stress social.

L’affaire des prétendus « enlèvements de sexe » révèle à la fois la fragilité du tissu social face aux rumeurs et la nécessité de renforcer l’éducation aux médias. Dans ce contexte, la vigilance citoyenne, le professionnalisme journalistique et la réaction rapide des autorités sont plus que jamais indispensables pour éviter que la peur ne fasse loi.

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